Cela fait un certain temps que je n’ai pas publié sur la stigmergie et la coopération sur ce site. Mais, surprise, un autre ouvrage est en préparation…
Un nouveau livre en préparation
En effet, je suis soutenu depuis l’automne 2024 par la maison d’édition « Des Livres en communs » (porté par l’association Framasoft) qui m’a offert une petite bourse pour travailler sur le livre.
Mon idée de départ était de terminer le livre blog du projet « coopérer en stigmergie ». Après réflexion j’ai changé d’idée et de sujet pour plusieurs raisons.
Avec le recul le présent travail m’apparaît plus comme l’équivalent d’un travail de recherche digne d’un master ou d’un doctorat, a ceci près que je n’ai pas de financement pour le mener.
Par ailleurs, je vois des enjeux clés à bien explorer certains sujets et la façon de les traiter afin de prévenir un dévoiement des notions présentées ici et que ce sujet au potentiel émancipateur puisse devenir un nouvel outil d’aliénation.
En particulier je vois poindre depuis plusieurs années un lien fort entre stigmergie et système économique (une grosse partie de ma bibliographie concerne ce sujet), mais je n’ai pas le temps à ce jour pour l’approfondir et le traiter de manière satisfaisante.
Enfin si ce travail explore le sujet de manière assez exhaustive, il me semble que le format peut être difficile pour les collectifs citoyens. Or il me semble que ce sont ces collectifs qui ont le plus besoin de bénéficier de ces travaux.
Stigmergie et coopération ouverte
J’ai donc choisi de travailler sur un nouveau projet de livre sur le thème de la stigmergie au service de la coopération entre collectifs citoyens. J’ai voulu ce livre beaucoup plus axé sur du concret et inspirant pour la société civile.
Le livre ne focalise plus sur la stigmergie en tant que tel, mais sur la coopération ouverte en réseau. Je cherche moins à pousser une compréhension académique approfondie de la stigmergie, qu’a rendre tangible pour un large public, les idées de coopération ouverte (dans laquelle s’inscrit la stigmergie) et de proposer des pistes d’actions concrètes.
Je fais cela en essayant de donner des exemples concrets mais aussi en partageant quelques narrations pour donner un ressenti du fonctionnement de ces pratiques à des gens qui ne les ont jamais vécu directement.
Je ne donne pas de recette magique pour mettre en place la stigmergie ou la coopération ouverte car pense que que ça peut être un piège et je ne crois pas qu’il puisse exister une seule voie. Je me limite à mettre en lumière des ingrédients clés pour aider les individus et collectifs à s’en emparer de ces notions et expérimenter.
Un processus de coopération ouverte
Pour repartir sur ce nouvel ouvrage sans me laisser enfermer dans l’ouvrage précédent, j’ai organisé au printemps un cycle de rencontres et de discussion en visio auxquels j’ai invité à participer des personnes qui s’intéressent à la stigmergie depuis plusieurs années.
Pendant 6 semaines, tous les lundi soir, nous avons exploré un thème liés à la coopération ouverte en réseau. Le processus de travail sur la coopération ouverte, s’inscrivait donc lui aussi dans de la coopération ouverte…
J’ai ensuite travaillé pendant l’été pour produire ce nouvel ouvrage, dont le titre provisoire :
Les archipels de communs, vers une société de la coopération ouverte et du partage.
L’ouvrage est en cours de relecture et j’espère le publier en début d’année 2026.
La stigmergie, une notion dont le temps est venue ?
Tandis que les collectifs citoyens cherchent toujours comment à s’organiser en évitant les systèmes hiérarchiques, de plus en plus d’auteurs parlent de stigmergie.
Je vous partage ici quelques ouvrages qui parlent de stigmergie.
A-t-on besoin d’un chef ?
C’est la question que pose le chercheur Medhi Moussaïd dans nouvelle ouvrage « A-t-on besoin d’un chef ? – Petit traité d’intelligence collective ».
Medhi Moussaïd travaille depuis de nombreuses années sur le comportement collectif des foules (aussi bien, les déplacements humains à forte densité la contagion sociale que l’intelligence collective). Il réalise par ailleurs un excellent travail de vulgarisation vulgarisation via son blog et sa chaine Fouloscopie où il publie des expériences participatives fascinantes.
Dans son nouvel ouvrage, il évoque brièvement la stigmergie et notamment sa présence dans le fonctionnement de Wikipédia. Je vous invite à découvrir son travail remarquable.
À la fois livre de vulgarisation scientifique et guide pratique, cet ouvrage nous plonge au cœur de fascinantes expériences de psychologie sociale, et nous donne les outils pour accomplir ensemble ce que nous ne pouvons réussir seul. Sans chef, un collectif peut sombrer dans des discussions sans fin, la paralysie voire l’agressivité. Mais s’il sait s’organiser, il se donne des superpouvoirs.
Ensemble, nous sommes capables de venir à bout de redoutables problèmes de logique, de battre aux échecs un joueur plus fort que…
« A-t-on besoin d’un chef ? – Petit traité d’intelligence collective » – Medhi Moussaïd 2025.
Stigmergie et intelligence collective
Dans un article plus technique, Pierre Levy grand pionnier du travail sur la notion d’intelligence collective évoquait en 2024 lui aussi la notion de stigmergie dans un article moins facile d’accès, mais avec comme objectif de :
« de replacer l’informatique dans une perspective anthropologique, d’esquisser les traits saillants de la nouvelle culture numérique et d’expliquer comment l’intelligence artificielle exploite, par des moyens statistiques, le trésor des données numériques. L’accès à la cognition symbolique, propre à l’espèce humaine, implique une correspondance entre le monde sensible et le monde intelligible. Ainsi, la transformation d’objets sensibles peut signifier une transformation de concepts. C’est pourquoi, à l’instar du langage, la notion de calcul est inscrite dans l’essence de l’humain. L’article esquisse ensuite une généalogie du calcul automatique qui conduit à la culture contemporaine, fondée sur l’alimentation et le partage en temps réel d’une mémoire numérique commune à l’ensemble de l’humanité.
Extraits :
Comme d’autres espèces eusociales, nous communiquons en grande partie de manière stigmergique, mais au lieu de marquer un territoire physique au moyen de phéromones ou d’autres types de signaux visuels, sonores ou olfactifs, nous laissons des traces symboliques. Le règne humain amplifie les mécanismes de la stigmergie. Ce sont des textes symboliques élaborés qui s’accumulent, se répondent, se laissent alimenter et réapproprier par les groupes et les individus. (…) Du texte statique sur papier, nous sommes passé à l’hypertexte ubiquitaire, puis à l’architexte surréaliste qui rassemble tous les symboles. Une mémoire virtuelle s’est mise à croître, secrétée par des milliards de vivants et de morts, fourmillant de langues, de musiques et d’images, grosse de rêves et de fantasmes, mêlant la science et le mensonge. Si l’échange de messages point à point a toujours lieu, la majeure part de la communication sociale passe désormais par une stigmergie électronique. Plongés dans l’espace numérique, nous communiquons par l’intermédiaire de la masse océanique de données qui nous rassemble (communiquer par l’intermédiaire d’un environnement commun est la définition même de la communication stigmergique). Chaque lien que nous créons, chaque étiquette ou mot-dièse apposée sur une information, chaque acte d’évaluation ou d’approbation, chaque « j’aime », chaque requête, chaque achat, chaque commentaire, chaque partage, toutes ces opérations modifient subtilement la mémoire commune, c’est-à-dire le magma inextricable des rapports entre les données. Notre comportement en ligne émet un flux continuel de messages et d’indices qui transforment la structure de la mémoire et contribuent à orienter l’attention et l’activité de nos contemporains. Nous déposons dans l’environnement virtuel des phéromones électroniques qui déterminent en boucle l’action des autres internautes et qui entraînent par-dessus le marché les neurones formels des intelligences artificielles (IA).
La manipulation symbolique, entre l’intelligible et le sensible, LÉVY Pierre (2024).
A bientôt
L’an dernier, une migration avortée m’a fait perdre la liste des abonnés à ce site. J’ai tenté de remettre les personnes intéressées. si ce n’étais pas votre cas, veuillez m’en excuser et de me le signaler, je vous retirerai immédiatement de la liste.
J’essaierai de publier régulièrement ma veille sur le sujet pour garder une actualité plus régulière, car même si je ne publie pas d’écrits, je continue le travail d’exploration de la stigmergie.